Celle dont on ne peut être sûr qu’elle a bien vécu dans ces petites maisons qui ne sont plus que fondations
Celle avec les mains noires et rouges, qui a peint la silhouette d’une autre femme dont on n’arrive pas à penser qu’elle était peut-être simplement une amie et non une parente
Celle qui s’est assise au chevet de sa mère brutale et mal aimante et qui a trouvé le cœur de la veiller comme une femme de la lignée des femmes
Celle qui finit par dire : « Elle reconnaît une fille sienne et c’est tout ce qui compte », maintenant que sa mère la prend si souvent pour sa sœur
Celle qui ne s’est jamais remise d’avoir dû allaiter une enfant vouée à la mort
Celle qui ne se remettra jamais de ne pas avoir été sa sœur tôt décédée
Celle dont une voyante avait assuré à sa mère qu’elle ne passerait pas sa 26e année et qui a retenu son souffle jusqu’à ses 27 ans
Celle qui tenait son journal depuis toujours
Celles qui eurent une ferme en Afrique sans jamais s’y croiser autrement que de loin, dans les bibliothèques publiques et particulières
Celle qui n’a recours aux dragons qu’après avoir épuisé tous les moyens, toutes les discussions, tout l’amour
Celle qui ne sait plus où elle a connu le lapin blanc, mais qui l’entend chaque matin fermer sa porte à la hâte
Celle qui aime tout de suite
Celle, toute cabossée, qui demeure plus élégante qu’une fée, rieuse sous cape, sage et curieuse, dans l’adversité de la mort des plus jeunes qu’elle (c’est-à-dire presque tout le monde)
Celle qui Ourse avait marié un Chêne, s’inscrivant ainsi dans la forêt des contes
Celle qui coupait le feu et avait fait construire sa maison sur les ruines d’un incendie
Celle qui Ourse avait marié un Chêne, s’inscrivant ainsi dans la forêt des contes
Celle qui coupait le feu et avait fait construire sa maison sur les ruines d’un incendie
Celle qui tenait son journal depuis toujours
Celle qui ouvrait grand son manteau pour y engouffrer les petites filles perdues qui se précipitaient vers elle, vers sa bouche gaiement rouge.
Celle qui ne se remettra jamais de ne pas avoir été sa sœur tôt décédée
Celle qui acheta la première (?) un café et qui avait marié un rouge qui payait des coups pendant la messe et qui a opté pour un enterrement civil
Celle qui a divorcé et qui s’est vu interdire l’entrée de l’église
Celle qui aida celle qui avait divorcé en lui louant de quoi établir un petit atelier de couture
Celle, dure comme un caillou, qui appelait son fils : l’infirme, parce qu’il boîtait
Celle qui venait d’une autre vallée et s’appelait aussi Jeanne, comme la grand-mère puissante et très aimée de son mari
Celle qui est la dernière venue dans la lignée des patronnes