Hors-Sérail | Le Salon sans Tain

La 7e salle, où les invités du soir n’accèdent qu’après deux ou trois heures du matin, se distingue par sa lumière abyssale et bleutée, tamisée à l’excès. Un vaste aquarium de la taille d’une piscine enchâssé contre un mur de miroir en est la source. La science des drogues consommées à leur insu depuis le début de la soirée et la nage des poissons phosphorescents y parachèvent l’émerveillement des invités.
Moyennant une somme non communiquée, il est possible de revenir passer une soirée au Sérail, de l’autre côté du miroir. Les habitués ayant payé le prix — en or ou en bijoux, exclusivement — peuvent à loisir observer les invités novices se faire détrousser comme au coin d’un bois au moment où ils touchent à l’extase et ce spectacle de la vanité déchue des grands de ce monde, provoque immanquablement une sensation cuisante et délectable — comme d’une très lointaine fessée publique à un âge d’innocence —. Bénéfice moins considérable cependant que le doute incurable de se savoir sûrement observés dans leur crédulité par d’autres, mieux initiés encore.

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