MARCELINE DESBORDES-VALMORE : DOUBLE MYSTÈRE

  Revenue à la postérité en 1997 avec la chanson de Julien Clerc N’écris pas, qui mettait en musique son poème Les Séparés, Marceline Desbordes- Valmore, pourrait bien retourner à l’amnésie intermittente qui caractérise sa présence en pointillés dans l’Histoire de la Poésie française. C’est qu’elle est le lieu d’un double mystère : son talent, reconnu par les plus grands poètes de son temps et des suivants et l’encre sympathique avec laquelle ils semblent réécrire son nom à chaque nouvelle génération poétique. De son talent, d’abord et de la fascination qu’il a, à toutes les époques, suscitée, on doit s’étonner. Comment une femme, ayant fait l’actrice et la chanteuse dès le plus jeune âge, grandie dans une misère soudaine et implacable, ballotée sur routes et sur mers, bientôt chargée d’enfants, écrit-elle ? Et a fortiori, comment écrit-elle de la poésie, ce genre majeur, de telle manière que Victor Hugo et Stephane Zweig, en passant par Paul Verlaine, Charles Baudelaire et Louis Aragon reconnaissent, commentent et se réclament de ses vers ? Et puis l’autre mystère, plus nébuleux, et d’une actualité criante : comment se fait-il qu’un tel talent et une telle reconnaissance ne puisse installer définitivement la femme poète dans la grande Histoire du Romantisme français, dont elle est pourtant la pierre de touche ? Il s’agit ici pour nous de faire partager une passion poétique, à travers la musique, la réflexion et le débat. Et de présenter ces mystères à “‘L’idée de lumière “, ainsi qu’ Yves Bonnefoy définit le geste de sa consoeur Marceline Desbordes-Valmore.

Je ne sais plus s’il s’agit d’un baroud d’honneur, tant les chiffres, qui attestent l’invisibilité des femmes vivantes ou mortes dans le  monde de la création, demeurent attristants. Ce qui est certain, c’est qu’il ne peut plus être uniquement question de faire un spectacle de plus. Le sujet est trop vaste et l’écriture de Marceline Desbordes-Valmore m’engage plus fermement encore dans ce chemin de poésie, de poésie au quotidien à travers la régularité d’actions simples, d’écriture et de partage.

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