Un voyage à Reims

UN VOYAGE À REIMS ROSSINI / DE STAËL Création le 9 mars 2015  au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris Coproduction : Philharmonie de Paris Direction musicale : Marco Guidarini Assistant : Romain Dumas
Adaptation et mise en scène  Emmanuelle Cordoliani
Scénographie  et costumes : Julie Scobeltzine
Lumières : Bruno Bescheron
Chorégraphies : Antoine Arbeit 
Coiffures : Emmanuelle Flisseau
Maquillages : Clément Lemaître

Corinne : Pauline Texier
La Marquise Melibée : Eva Zaïcik
La Comtesse de Folleville : You-Mi Kim
Madame Cortèse : Axelle Fanyo
Le Cavalier Belfiore : Fabien Hyon
Le Comte de Liebenskof : Benjamin Woh
Don Profondo : Florian Hille
Professor Trombonok : Romain Dayez
Lord Nelvil : Arnaud Guillou
Don Alvaro : Aurélien Gasse
Docteur Prudenzio : Igor Bouin
Nurse Delia : Marina Ruiz
Maddalena : Mathilde Rossignol
Modestine : Claire Péron
Antonio : Jean-Christophe Lanièce
Don Luigino : Jean-Jacques L’Anthoën
Danseurs : Justine Lebas, Marie Leblanc, Baptiste Martinez, Anthony Roques, Fyrial Rousselbin
Il y a trop longtemps, Ballochi le librettiste, animé de motifs politico-historiques qui n’ont finalement plus grand intérêt de nos jours, séquestra une petite troupe cosmopolite dans un établissement thermal. Une société choisie de poètes, d’ambassadeurs, de collectionneurs avertis, de chercheurs audacieux, d’inventeurs du nouveau désordre amoureux…  le régime draconien qu’il leur fit subir les laissa amaigris de leur complexité psychologique et appauvris de leur histoire, faméliques jusqu’à la caricature à l’issue de trois petites représentations. Pour achever l’opération, Rossini, qui n’aimait pas laisser-perdre, les priva bien vite d’air en affectant leur musique à un nouvel opéra, Le Comte Ory, au livret éclatant de santé et d’équilibre.
Alors ils s’endormirent d’épuisement pour plus d’un siècle.
Heureusement, la patronne de l’Hôtel où s’échouèrent ces voyageurs à jamais déroutés, sut voir en eux les fantômes des personnages magnifiques du roman Corinne de Madame de Stael. Elle accueillit à bras ouverts  ces créatures d’ombre et d’homme. Depuis, son goût contagieux de la lecture de Madame de Stael leur redonne l’illusion de la vie, dans l’enfer des bibliothèques. Avec l’aide zélée du petit personnel, elle les protège de l’air libre, qui serait fatal à leur trop faible constitution, en les bouclant à double tour dans un labyrinthe d’une seule pièce. On y soigne patiemment névroses, cœurs lacérés et têtes brûlées. Souvent, on rêve à l’Europe. Les épisodes du passé et du présent se frictionnent, ad vitam aeternam. Pour l’avenir, une seule chose est sûre : on n’y va pas à Reims.
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