Un Bon été / Tiers Livre / Bégayer

l’image je la laisse venir dans un demi-sommeil d’enfant j’aimais les puzzles mais pas trop les bords des puzzles et encore moins les coins des bords des puzzles qui les enfermaient à double tour dans l’image pour seule fenêtre, coincé à la maison, collé au carreaux, tout le jour comme un petit malade tandis que quelque part en bas ça se passait sûrement, quelque chose, dans la rue, dans la ville, dans le globe terrestre qui fait de la lumière jusqu’à ce qu’on ait bouffé toutes les piles des piles de sel de la terre et ça c’est toujours et encore la terreur suprême qui rend poulet, qui chocotte et plus bouger caché dans le placard tout feux éteints, guettant le Grand D’ombre, dans le demi-sommeil, le Chevalier sans peur se rapproche, lui, l’unique à l’avoir retrouvée la boule de Sacha à chaque fois et parfois, aussi celle de  grand-mère Alice, qui roulent loin très loin des bords, dans des bordées de pensées —  en velours violet et jaune, avec des petits coeur de trou du cul tout noirs — qui se sont tirées sans retour, sans histoire du soir et sans bisou bye-bye petit gnou, c’est au revoir le sommeil, la somme des moutons qui sont des lapins en papier sur le mur s’en garde la moitié reste le demi-sommeil, et plein de demi-sommeils ça fait des demi-sommeils, mais jamais un vrai gros sommeil qui est toujours absent comme le “s” à demi, faut pas y compter, sans bisou bye-bye petit gnou, un seul programme : un demi-sommeil d’enfant j’aimais les puzzles mais je n’aimais pas coins, ça c’est clair à présent, mais encore moins les points qui bouclaient la parole comme un quartier d’impasses, cric-crac l’affaire est dans l’ cul-d’sac où des sacs à culs se pressent au pas de courses sans sac oublié à la maison  —  quand on a pas de tête dans son cul on a des jambes — les points invisibles criaient sans arrêt : Stop !  Stop ! Stop ! Majuscule si fort que la phrase ça l’assommait d’un coup du lapin et puis on lui retire son pyjama : Stop ! Stop ! Stop ! à tout bout de chant et c’était la panique que ça s’arrête et avec mon élan de tomber au bout de la terre aplatie par les vieilles lunes de charabia qu’il fallait avaler comme des couleuvres au goût caramel, pour m’endormir pour de bon, pour m’empêcher de me sauver si le Grand D’ombre ne venait pas, aussi pour moi, s’il ratait son coup avec Sacha et Alice, s’ils me tombaient dessus en culbutant sur les bordures de briques et de faillance de leurs pensées et m’écrasaient sous leurs pois de pyjama avant que j’aie pu filer à l’anglaise par des routes toujours ouvertes en surfant, comme papa les bons jours, sur l’onde verte, à travers une ville-puzzle sans bords, ni coins, ni points

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