Amnésie de l’enfance | couleurs

1. Une tache rouge. Les par(l)ants l’appelleront Chaperon. Une tache rouge, un instant saisie. Soudain tout contre le nez. Le monde est rouge. Sitôt après, perdue de vue. Saisie à nouveau, une autre fois, un autre jour, cinq minutes plus tard. Un vague cercle rouge au centre du monde. Lâché, perdu… Tout est quadrillé dans ce cirque chaque maille du filet découpe un morceau du soleil qui pleut par les grandes vitres, le bruit amical de l’eau sur les pensées, la douceur sauvages des poils noirs du chat.

2. Un bloc de glace, de ceux bien rectangulaires que les par(l)ants glissent dans la glacière jaune moutarde les jours où le monde à un fond d’herbe. Derrière ça chauffe, ça chauffe froid. Si on voit ça, c’est qu’on dort là, c’est qu’on est fiévreuse et quand les yeux s’ouvrent dans l’obscurité de la grande chambre grise sans contour, ils sont captivés par le long rideau turquoise derrière quoi le monde aussi à la fièvre. Il irradie, il uranium Star Treck, il anesthésie un moment le bois et les bonbons au pin au fond des tiroirs vernis des tables de nuit jumelles, encastrées dans la niche du lit comme deux petites Saintes Bernadette. On croit au rideau turquoise dur comme fer. Le sommeil est un drap chaud et doux qui flotte.

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