Resmusica - Vincent Deloge
Le charme si français de Fortunio à Rennes (…) Emmanuelle Cordoliani a réalisé un travail de direction d’acteurs très précis, permettant une grande fluidité du spectacle. S’appuyant sur des décors et costumes spirituels et colorés, elle parsème la représentation de joyeuse trouvailles jusqu’à une image finale très réussie qui témoigne d’une belle sensibilité. A la vue de ce spectacle qui doit sa réussite à l’investissement de tous, on ne peut que se réjouir qu’Alain Surrans ait décidé de poursuivre l’aventure rennaise.
Forum Opéra - Tania Bracq
Comme un bonbon (…) Emmanuelle Cordoliani enfonce le clou en transposant ce Chandelier dans la France limougeote des années soixante, avant que mai 68 ne vienne ébranler le ronron confortable de la bourgeoisie de province, ses compromissions, ses petites lâchetés et son grand ennui. La satire de cet univers assoupi est toutefois plus attendrie que méchante ou poussiéreuse. Les superbes costumes de Julie Scobeltzine convoquent d’ailleurs irrésistiblement Jacques Demy et sa légèreté acidulée. Les hommes jouent à la pétanque sur la place avant de regarder leurs boules s’envoler jusqu’aux cintres. Les enfants s’éclaboussent dans la fontaine et leurs mères sortent de la messe dans un ensemble virevoltant avant d’aller récupérer le sacro-saint gâteau dominical chez le pâtissier. Ainsi à l’arrière plan, les membres du chœur, toujours finement dirigés par Gildas Pungier, déclinent tous les poncifs de la vie de province et animent la scène de manière aussi pimpante que souriante. L’intelligence des caractères brossés par Musset alliée à la subtilité d’écriture de Message régalent les spectateurs. Sous la légèreté du propos, souvent l’émotion vraie affleure … tout comme les accents d’un drame possible.
Opéra Magazine – Jean-Luc Macia
(…) La robe de Jacqueline, à l’acte II, et des carreaux de verre rappellent les couleurs de Soutine. L’appartement et l’étude de Maïtre André surplombent la place du bourg avec de beaux effets de perspective (…) La direction d’acteurs; efficace, nous évite tout jeu stéréotypé, chaque protagoniste porte l’intrigue avec l’humour et la théâtralité qui conviennent. Visuellement, une réussite.
webthea – Caroline Alexander
Le plateau du Grand Théâtre est sans doute trop vaste pour l’intimité de ces gentils jeux d’amour et de duperie, mais l’équipe réunie à Limoges réussit pourtant à en faire jaillir le charme (…) malgré les disproportions de la chambre qui, à l’acte deux, abrite les amours clandestines, l’ensemble de la distribution, dans une mise en scène juste et sans tapage, habite les lieux avec aisance, les personnages sont campés avec humour.
« Fortunio » à l’Opéra de Saint-Etienne : comme un air de flûte, léger et poétique — Martine Goubatian / Le Progrès de Lyon
En plantant l’action dans les années 60, Emmanuelle Cordoliani joue sur une palette colorée tant au niveau des costumes, très «Demoiselles de Rochefort», élégants et forts réussis, que sur les décors pour leur part plutôt art déco. C’est rafraîchissant, léger, un peu kitch et tourbillonnant. Car si la metteuse en scène signe une direction d’acteurs précise et intéressante au niveau des solistes, elle use et abuse de la présence des chœurs et des figurants, dont plusieurs enfants, les faisant danser, sauter, tourner. Que de mouvement sur ce plateau ! C’est toutefois assez cinématographique, encore un clin d’œil au film de Jacques Demy.