Carnets d’un disparu

JANACEK / DVORAK / HASS / MUSIQUE TZIGANE
Création le 9 juin 2015  au Grand Théâtre de Dijon
Coproduction : Opéra de Dijon, Cité de la Voix, Café Europa
Direction musicale : Nicolas Chesneau  
Adaptation, mise en scène et lumières :  Emmanuelle Cordoliani
Scénographie : Émilie Roy
Janick : Jérome Billy
Zefka : Blandine Folio-Peres
L’enfant : Nicolas Chesneau 
Histoire d’une histoire dans l’histoire
En mai 1916, le journal de Brno Lidové Noviny publia un recueil de poèmes écrit en dialecte valaque par un inconnu. La rédaction précisa que l’auteur supposé, un paysan, avait disparu. Sa famille ne voyant dans ses poèmes qu’une copie de chants populaires ne leur avait prêté aucune attention. Peu importe que les textes soient en fait la supercherie d’un poète morave Josef Kalda, ils auront parlé à Janáček qui se lance dans un véritable petit opéra. Note imprimée en tête de la partition de Janáček: «seule l’enquête judiciaire révéla leur contenu et leur signification véritables. Leur pouvoir d’émotion et leur valeur poétique justifie cette publication, qui les sauve de la poussière des actes juridiques. » Par « signification véritable », on entend : l’histoire d’amour avec une tsigane, la naissance de leur enfant et la fuite à l’étranger pour échapper à la persécution familiale et sociale. Où s’en vont-ils alors ? J’imagine à présent – comme une suite à l’imaginaire engagé et poétique de Josef Kalda – qu’ils ont fuit vers la France, ce pays des Droits de l’Homme. L’homme est plus âgé, la tsigane aussi, l’enfant a grandi, musicien…pianiste. L’enfant joue, l’homme surtout raconte, la femme est au théâtre d’ombres et d’objets reliques : une roue, un col de renard, des valises contenant chacune un monde, un enregistrement revox, à la manière de Nicolas Bouvier des voix du passé « chantant de manière presque inaudible », lumière noire, marionnettes, lanterne magique… Étrange inventaire à la Chagall d’un passé d’amour et de déchirure, d’un présent inégal, d’un avenir de hasard.
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